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Sexualité humaine et loi naturelle
Congrès de la famille au Palais des congrès
Paris, septembre 1986


1. Avant d’aborder correctement le sujet qu’on m’a proposé il faut d’abord expliquer brièvement l’idée de loi naturelle. Le terme “loi naturelle” est synonyme de “loi morale” puisqu’il indique la force normative de la vérité, que la raison humaine connaît, par rapport à la liberté.

Etant donné ce concept de “loi naturelle”, il faut maintenant l’expliquer dans ses trois noeuds conceptuels: vérité, liberté et le rapport entre vérité et liberté.

En ce qui concerne le premier noeud (la vérité), le concept de loi naturelle exprime l’acte de l’intelligence par lequel on voit la structure ontologique de la personne humaine, son «être une personne humaine», et il spécifie cet être dans l’univers de l’être, c’est-à-dire en un mot: la vérité de la personne humaine.

Quant au deuxième noeud (la liberté), le concept de loi naturelle dénote une idée de liberté humaine selon laquelle cette liberté est soumise — par sa nature même — à la vérité de la personne humaine dont je viens de parler.

C’est sur cette soumission — troisième noeud conceptuel de la définition de loi naturelle — que nous devons prêter notre plus vive attention. C’est évident que la volonté de l’homme est poussée par le bien que la raison lui montre. Il faut noter, toutefois, que les biens que la raison montre, se situent sur deux ordres ou degrés de l’être, entre lesquels il y a une distance infinie.

En effet on a des biens connus pour tels et qui valent comme biens uniquement pour la personne qui les désire et les exige; on a, au contraire, des biens connus pour tels et qui valent comme biens pour leur valeur intrinsèque, pour leur dignité intrinsèque. Cette valeur intrinsèque, cette dignité intrinsèque ne les rendent pas dignes d’être voulus par cette personne ou celle-là, mais par chaque personne comme telle.

La distance entre ces deux ordres est infinie, parce que les biens du deuxième ordre appartiennent à un degré de l’être qui est essentiellement supérieur, ils appartiennent à l’univers de l’être personnel. Dans une page d’une rare finesse, St. Anselme d’Aoste analyse la nature de la volonté et il remarque qu’elle est habitée par deux “affectiones” (terme presque intraduisible par sa prégnance conceptuelle). Ce sont deux inclinations fondamentales: l’“affectio commodi” ou inclination à son propre bien (c’est-à-dire aux biens qui appartiennent au premier degré) et l’“affectio justitiae” ou inclination à ce que c’est le bien, le juste en soi (c’est-à-dire aux biens qui appartiennent au deuxième degré). Il faut bien remarquer que cette double inclination précède le choix libre de l’homme. Elle est, pourtant, constitutive de la nature même de la volonté comme telle, avant que la personne n’exerce sa liberté. Cette double inclination se trouve dans la volonté par le simple fait que la volonté même est une faculté spirituelle. Ce qui dépend de la liberté n’est pas d’avoir ou de ne pas avoir l’inclination aussi bien à son propre bien qu’au bien en soi, mais de réaliser la personne par l’action, de sorte que la recherche de son propre bien ne contredise pas l’ordre de la justice et de sorte que l’“affectio commodi” ne vienne pas dominer l’“affectio justitiae”. La personne est intimement libre quand elle fait toujours ce que elle aime en faisant ce qu’elle doit, ou qu’elle fait toujours ce qu’elle doit en faisant ce qu’elle aime.

Revenons maintenant à l’explication du concept de loi naturelle. Loi naturelle signifie connaissance rationnelle de la vérité sur le bien de la personne humaine comme telle, de l’ordre de la justice auquel la volonté humaine est naturellement inclinée. La connaissance élaborée en harmonie avec l’“affectio justitiae” dont on a parlé et d’où elle tire son origine, prend le caractère de norme pour la liberté de la personne, pour la liberté qui est appelée à conduire le destin éternel de la personne.

 

2. Après cette explication du concept de loi naturelle, je vais considérer le sujet qu’on m’a proposé. Je vais commencer par une question assez simple, mais qui a une importance fondamentale: est-ce qu’il existe une loi naturelle de la sexualité humaine?

La sexualité humaine est-elle gouvernée par sa propre loi naturelle? Avant de donner une réponse à cette question, il faut que j’en explique brièvement le sens.

En considération de ce que je viens d’affirmer, se poser des questions sur l’existence d’une loi naturelle de la sexualité humaine signifie se demander s’il y a une vérité de la sexualité humaine, une vérité qui pose la sexualité dans l’ordre des biens humains qui valent en soi, ces biens humains auxquels la volonté de l’homme est naturellement inclinée grâce à l’“affectio justitiae”, qui définie la volonté comme faculté spirituelle. En bref, la sexualité humaine est-elle une valeur éthique?

 

A) La vérité de la sexualité humaine

Sur le chemin que nous allons parcourir pour connaître la nature intime de la sexualité humaine, nous rencontrons tout de suite un fait qui est évident et qui n’est pas discutable: la sexualité humaine est destinée à la procréation. Il s’agit d’un fait, je le répète, que, au moins d’un point de vue biologique, personne ne nie ou n’a nié. C’est là que la première question se pose: est-ce que cette disposition de la sexualité humaine à la procréation est son aspect non humain, l’aspect qui relie la sexualité humaine à la sexualité sous-humaine? La réponse a cette question est très importante du point de vue éthique, on le verra tout à l’heure.

En effet, la réponse est assez facile. Affirmer que la sexualité humaine est destinée à la procréation signifie concrètement qu’elle est destinée à faire naître une nouvelle personne. Dans l’univers visible, il n’y a pas de réalité plus précieuse que la personne humaine, puisqu’on ne peut pas penser, d’un point de vue métaphysique, une façon d’être qui soit plus parfaite que celle qui appartient à l’être personnel. En effet, grâce à sa subsistance la personne a une valeur en soi et — comme St. Thomas l’écrit d’une façon très profonde — elle ne peut être voulue que pour elle même.

Ce qui en dérive immédiatement, c’est qu’aucune personne humaine ne peut être considérée simplement comme simplement une partie de l’espèce humaine. Kierkegaard affirme assez justement contre le paganisme hegelien que, tandis que dans le monde animal l’espèce est supérieure a l’individu, dans le cas de l’homme l’individu est supérieur  à l’espèce, car — ajoutons-nous — parler d’individu et d’espèce de l’homme du point de vue métaphysique et éthique, signifie utiliser un langage très ambigu et équivoque. Si on voit clairement cette différence essentielle et cette supériorité de la personne humaine par rapport au reste, on ne peut que noter que la disposition de la sexualité humaine à la procréation est d’une nature essentiellement différente de la disposition même qu’on peut observer dans la sexualité animale: simplement en observant ce à quoi cette disposition est orientée.

Mais il y a encore quelque chose de plus profond à observer. La personne doit le fait d’être une personne à l’esprit. En effet, c’est la subsistance qui est la façon propre d’être de l’esprit. Et l’esprit ne peut exister qu’à travers un acte créateur de Dieu. Alors, à l’origine de chaque personne nous ne trouvons pas seulement un acte procréateur mais un acte créateur aussi, qui se rapportent l’un à l’autre selon une hiérarchie précise. En effet, le premier, c’est-à-dire l’acte procréateur, est disposé, ou mieux est subordonné au deuxième, c’est-à-dire à l’acte créateur, l’un a besoin de l’autre comme condition pour se réaliser.

En effet Dieu ne crée pas un esprit quelconque mais un esprit voué à informer, à personnaliser ce corps-là. Cette grande vérité anthropologique qui mériterait une considération plus profonde, nous fait pénétrer dans la nature la plus intime de la disposition de la sexualité humaine à la procréation. Il s’agit d’une disposition qui élève la sexualité humaine en quelque sorte à une participation à l’acte créateur de Dieu: c’est ce qui fait de l’homme et de la femme des coopérateurs de l’amour créateur de Dieu. De cette façon, la disposition de la sexualité humaine à la procréation semble clairement d’une nature essentiellement différente et supérieure par rapport à la disposition à la procréation de la sexualité animale.

Avant de continuer ma réflexion, je voudrais faire remarquer une chose importante.

Ce que j’ai appelé jusqu’ici “vérité de la sexualité humaine” n’est pas quelque chose d’extrinsèque à l’élément biologique (de la disposition de la sexualité humaine, de la procréation), ce n’est pas une interprétation de l’élément biologique même qui n’existe que dans la pensée de l’interprète.

En considérant ce que je viens d’affirmer, on déduit, au contraire, que l’élément biologique même porte en soi cette vérité: du point de vue biologique, la sexualité possède cette vérité. Même si celui qui étudie la sexualité uniquement d’un point de vue biologique ne voit pas cette vérité. Mais il s’agit là d’un mode humain de connaissance, qui permet de parvenir à la vérité par moments successifs ou par degrés d’abstraction.

Sur notre chemin vers la découverte de la vérité totale de la sexualité humaine, on constate un autre fait qui n’est pas moins évident que le précédent. La sexualité humaine est un don de deux personnes qui s’unissent sexuellement. Il vaut mieux dire: la sexualité est essentiellement disposée à exprimer et à réaliser le don réciproque de l’homme et de la femme. Maintenant, on doit essayer brièvement de comprendre l’intime vérité de cette disposition.

Puisque nous sommes dans le domaine des relations personnelles, nous pouvons commencer par cette question: quelle est la façon juste de se rapporter à une autre personne? C’est-à-dire quand une personne se rapporte-elle à une autre personne d’une façon due? Quand elle le fait d’une façon appropriée et qui correspond à la réalité, et par conséquent à la dignité qui appartient à la personne.

Le premier principe fondamental de la justice est de “rendre à chacun son dû” (unicuique suum tribuere). Etant donné que la réalité de la personne et de toute chose est déterminée et définie par son être, étant donné que l’être même de la personne est d’être en soi, la seule façon juste de se rapporter à une personne n’est pas de la transformer en instrument, mais de la vouloir en soi.

Nous sommes simplement arrivés à la définition de l’amour. En effet, qu’est-ce que l’amour sinon vouloir (le bien de) l’autre, puisqu’il s’agit exactement du bien de l’autre et non pas de son propre bien?

Après cette réflexion synthétique, on peut déjà comprendre l’intime nature et vérité de la disposition de la sexualité humaine au don réciproque. Cette disposition exprime la vocation intime de la personne humaine à la communion avec les autres, sous une forme particulière, la forme de la communion conjugale, qui est une forme de cette vocation.

Les deux faits que je viens d’examiner — la disposition de la sexualité humaine à la procréation et la disposition de la sexualité humaine au don conjugal de soi — font-ils obstacle, par leur différence, à l’unité interne de la sexualité humaine? Autrement dit: ces deux faits, ces deux ordres sont-ils accidentellement, fortuitement juxtaposés dans la sexualité humaine ou sont-ils liés en vertu d’une exigence inconditionnée?

Pour mieux comprendre cette question, je voudrais commencer par une simple considération sur laquelle D. von Hildebrandt a éveillé l’attention dans le domaine de nos problèmes. Il y a deux genres de connexions que nous pouvons illustrer par deux exemples.

La connexion qui existe entre la masse d’un corps et la force de gravité a une nature différente de la connexion qui existe entre vertu et béatitude. En effet, tandis que notre raison n’a rien à objecter face au fait qu’on contrarie la force de gravité jusqu’à la vaincre, en permettant, par exemple, le décollage d’un avion, elle considère au contraire comme un fait “scandaleux” la personne honnête qui n’est pas heureuse. Les deux connexions, à vrai dire, sont essentiellement différentes. La première est une connexion de fait, la deuxième est une connexion de droit. C’est une exigence inconditionnée et absolue qui appartient à l’ordre même de l’être : le fait que vertu et bonheur soient liés. Voilà donc notre question: la connexion entre la disposition à la procréation et la disposition qui exprime le don de la personne est-elle du premier genre — c’est-à-dire un fait pur et simple qui n’a en soi aucun prix, aucune valeur — ou est-elle du deuxième genre? Nous pensons qu’elle est du deuxième genre: il s’agit d’une connexion qui est absolument et inconditionnellement voulue par la vérité même de l’être. Je vous donne les raisons.

Première raison: étant donné que la disposition à la procréation est concrètement disposition à la conception d’une nouvelle personne humaine, la réalisation de la capacité procréatrice doit être proportionnée à la dignité de la personne qui peut être conçue. Or, cette exigence est respectée seulement si la capacité procréatrice est réalisée par un acte d’amour. En effet, seulement l’amour place aussi bien celui qui procrée que celui qui peut être procréé sur un plan de parfaite réciprocité et égalité. Partant, ce n’est pas par hasard que l’acte procréateur est en même temps un acte d’amour.

Deuxième raison: étant donné que la disposition à la procréation est coopération à l’acte créateur de Dieu; étant donné que l’acte créateur de Dieu est essentiellement un acte d’amour, une participation personnelle à cet acte exige que l’acte procréateur devienne en soi un acte d’amour. On pourrait ajouter bien d’autres raisons, mais le temps à ma disposition ne le permet pas.

Je vais ainsi conclure notre réflexion sur la vérité de la sexualité humaine. En résumé: la sexualité humaine est une dimension de la personne humaine, grâce à laquelle la personne même est appelée à coopérer avec l’amour créateur de Dieu à travers un acte par lequel l’homme et la femme se consacrent l’un à l’autre, en instituant la communion conjugale.

 

B) La sexualité humaine comme valeur éthique

Pour parler d’une loi naturelle de la sexualité humaine, il n’est pas suffisant d’affirmer l’existence d’une vérité de celle-ci. Il faut voir si sa nature — découverte dans la connaissance de sa vérité — possède en soi la valeur, la préciosité qui est caractéristique de la valeur éthique.

Comme je l’ai déjà dit dans le premier point de ma réflexion, la nature de la valeur éthique est d’avoir une valeur en soi: d’appartenir aux valeurs que — en utilisant le vocabulaire augustinien — l’homme ne peut pas utiliser, mais dont il peut uniquement jouir (uti-frui). La question alors est de savoir si la double disposition dont j’ai parlé et leur connexion réciproque ont une valeur en soi. Si nous réprenons les réflexions que nous venons de faire, la réponse est, je crois, très facile.

Le personne humaine n’est pas qu’une des valeur éthiques, mais on peut dire qu’elle est la valeur éthique par excellence: on ne peut jamais réduire une personne humaine à un simple instrument. La disposition à la procréation humaine est une valeur éthique précisément parce qu’elle est disposition à l’existence d’une nouvelle personne humaine. La destruction de cette capacité procréatrice en tant que possibilité concrète de la conception d’une nouvelle personne entraîne la destruction d’une valeur incomparable.

Si nous considérons maintenant la disposition de la sexualité humaine au don de soi, la chose est encore plus claire. En réalité, cette distinction fait apparaître le mode de la relation personnelle: chaque personne doit être affirmée, reconnue en soi. La disposition qui se trouve dans la sexualité humaine au don de soi-même à l’autre est le signe, l’expression de cette exigence: aucune personne ne doit être traitée comme un objet. La destruction de cette disposition par une activité sexuelle dominée par une loi d’utilisation de l’autre, entraîne la destruction de la valeur éthique qui se trouve dans la relation personnelle, dans la communion personnelle à laquelle la sexualité est intrinsèquement indexée.

La connexion entre les deux finalités est la liaison entre la conception d’une nouvelle personne humaine et l’amour conjugal, liaison qui, précisément assure aussi bien la valeur de l’amour que la valeur de la finalité procréatrice.

Au fond et en concluant ce moment de notre réflexion, qu’est-ce que nous voulons dire, en affirmant que la sexualité humaine est une valeur éthique? Nous voulons dire que, en raison de sa double finalité et de la connexion qui existe entre les deux, la sexualité humaine n’est pas seulement un fait biologique: elle a en soi-même une valeur qui l’introduit dans l’univers éthique.

 

C) Lois morales de la sexualité humaine

La conséquence nécessaire et immédiate de tout ce que nous avons dit, est qu’il y a des lois morales que la liberté humaine doit absolument respecter quand l’homme et la femme exercent leur sexualité. C’est le dernier moment de notre réflexion.

Avant de dire quelles sont ces lois morales, il faut faire une réflexion préliminaire.

Comme vous l’avez vu, nous sommes arrivés à la réflexion sur les lois morales comme dernier point de notre réflexion, après avoir parlé de la vérité et du caractère éthique de la sexualité. En effet, la loi morale n’est pas une loi qui s’ajoute de l’extérieur à cette sexualité et, au fond, elle n’est pas autre chose que la vérité et la valeur. Mais voyons de plus près. La vérité de la sexualité humaine, reconnue par la volonté, coincide avec la bonté de la sexualité humaine. Verum et bonum convertuntur, comme disaient les anciens métaphysiciens (c’est-à-dire: la vérité et la bonté sont en réalité la même chose). Autrement dit; toute la valeur de la sexualité humaine consiste précisément et simplement dans ce qu’elle est, dans sa vérité. C’est une loi de l’être: en quoi consiste la bonté de l’être divin? dans son être Dieu; En quoi consiste la bonté de l’être personnel créé? Dans son être personne. L’exigence inconditionnée et absolue que la volonté reconnaisse cette bonté est la loi morale. Autrement dit: la loi morale n’est pas autre chose que l’exigence de la vérité d’un être à la reconnaissance de toute volonté rationnelle. L’affectio justitiae — l’inclination à la justice — dont parlait Anselme n’est pas autre chose que ce mouvement intérieur de la volonté rationnelle qui l’incline à rendre à chacun son dû (unicuique suum), c’est-à-dire à reconnaitre la vérité de chaque être. Quand, donc, la sexualité humaine est respectée dans sa vérité et dans sa valeur? Ou — et c’est la même chose - quelles sont les lois morales de la sexualité humaine?

En général, je dirai que la sexualité humaine est respectée dans sa vérité et dans sa valeur quand on respecte la connexion entre sa finalité à la procréation et sa finalité à exprimer le don des personnes. (Et c’est en cela que consiste l’enseignement de l’encyclique Humanae Vitae). On peut rompre cette connexion de deux manières: en séparant la sexualité de la procréation par la contraception et la stérilisation, ou en séparant la procréation de la sexualité par toutes les formes de procréation artificielle (AI et FIV-ET). Ce n’est pas à moi de réfléchir analytiquement sur ces points: dans notre Congrès, d’autres orateurs le feront. Ainsi on détruit la vérité et la valeur de la sexualité humaine quand on détruit sa disposition à exprimer et à réaliser le don des personnes par chaque exercice de la sexualité hors du mariage et par un exercice de la sexualité conjugale qui ne soit pas respectueux de la dignité personnelle du conjoint.

Je peux maintenant terminer le deuxième point de ma réflexion. Nous avons commencé par une question: y a-t-il une loi naturelle de la sexualité humaine? Nous avons répondu que oui, il y a une loi naturelle dans la sexualité, parce que il y a une vérité de la sexualité humaine, une vérité qui la pose dans l’univers des valeurs éthiques, envers lesquelles chaque volonté rationnelle est intérieurement inclinée.

 

3. Je voudrais maintenant terminer mon exposé par quelques réflexions conclusives. Nous vivons dans un milieu culturel qui, en général, n’admet absolument pas de loi naturelle dans la sexualité humaine, parce qu’il n’admet pas l’existence d’une vérité de la sexualité, parce qu’il n’admet pas l’existence d’une vérité tout court. Une vérité qui ne soit pas une constatation de faits statistiquement controlées. La personne humaine est ce que l’homme pense être: son être est sa conscience. Dans cette vision, la première valeur qui devait être détruite, était la connexion entre sexualité et procréation par la glorification de la contraception. Je crois que c’est dans cette justification qu’on doit mettre le commencement de la destruction de la sexualité humaine dont nous sommes témoins de nos jours. La défense de la doctrine d’Humanae Vitae, sans aucun compromis, est un point central dans la défense de l’humanité de chaque homme. Quand on nie cette doctrine, on a posé toute prémisse à la négation complète d’une loi morale dans l’exercice de la sexualité humaine. Il y a dans cette négation un profond anti-humanisme et anti-théisme.

Mais la chose la plus dramatique est que ces anti-humanisme et anti-théisme sont entrés dans la théologie catholique aussi : c’est, peut-être, l’un des problèmes les plus graves de l’Eglise catholique.

Que faire donc? La seule chose nécessaire est de continuer à dire la vérité, coûte que coûte. Il n’y a rien de plus important que ce témoignage à la vérité, parce que quand on tombe dans les ténèbres la seule chose nécessaire est de les éclairer. 

 

 

 

(Résumé) 

1. En parlant de “Sexualité humaine et loi naturelle”, il faut tout d’abord préciser le sens de “loi naturelle’’. Par le mot “loi naturelle,” nous entendons la force normative que la vérité, découverte par la raison métaphysique, exerce sur la liberté humaine. Loi naturelle est donc synonyme de loi morale tout court. Plus précisément. Il y a une vérité de la personne humaine que la liberté doit respecter. La critique, alors, qu’on fait au concept de loi naturelle au nom de la science naît de ce que les logiciens appellent “ignorantia elenchi”, c’est-à dire que le concept de loi naturelle ne peut être ni critiqué ni défendu par la raison scientifique, parce que il se situe au-delà de la science.

 

2. Le problème, alors, de l’existence d’une loi naturelle dans la sexualité humaine est de savoir si cette sexualité possède une vérité immuable et indépendante des conditions historiques, une vérité que la liberté doit respecter. La réponse à cette question est affirmative. La vérité de la sexualité consiste (a) dans son ordination à la procréation; (b) dans son ordination à exprimer le don conjugal entre l’homme et la femme; (c) dans la connexion entre ces deux ordinations. Si nous considérons cette vérité comme étant consignée à la liberté (sa force normative sur la liberté), nous voyons alors que la norme morale fondamentale de l’éthique sexuelle est qu’on doit respecter ces deux ordinations dans leur connexion. Cette connexion est brisée: a/ par la contraception et la stérilisation; b/ par la procréation artificielle (AI et FIV-ET); c par l’exercice d’une sexualité conjugale qui ne soit pas respectueux de la dignité personnelle du conjoint; d/ par tout exercice de la sexualité hors du mariage.

 

3. Réflexions conclusives. Nous vivons dans un milieu culturel qui, en général, n’admet absolument pas l’existence d’une loi naturelle dans la sexualité humaine, parce qu’il n’admet pas l’existence d’une vérité de la sexualité, parce qu’il n’admet pas l’existence d’une vérité tout court. Une vérité qui ne soit pas une constatation des faits statistiquement controlés. La sexualité, la personne humaine est ce que l’homme pense être: son être est sa conscience. Dans cette vision, la première valeur qui devait être détruite, était la connexion entre sexualité et procréation par la glorification de la contraception. Je crois que dans cette justification on doit mettre le commencement de la destruction de la sexualité humaine dont nous sommes témoins de nos jours. La défense de la doctrine d’Humanae Vitae, sans aucun compromis, est un point central dans la défense de l’humanité de chaque homme. Quand on nie cette doctrine, on a posé toute prémisse à la négation complète d’une loi morale dans l’exercice de la sexualité humaine. Il y a dans cette négation un profond anti-humanisme et anti-théisme. Mais la chose la plus dramatique est que ces anti-humanisme et anti-théisme sont entrés dans la théologie catholique aussi : c’est, peut-être, un des problèmes les plus graves de l’Eglise catholique. Que faire donc? La seule chose nécessaire est de continuer à dire la vérité coûte que coûte. Il n’y a rien de plus important que ce témoignage à la vérité, parce que quand on tombe dans les ténèbres la seule chose nécessaire est de les éclairer.